France

La France occupe une place centrale dans l’histoire du judaïsme européen. Présents depuis l’époque romaine, les Juifs y ont connu des périodes de rayonnement, comme sous Charlemagne ou au Moyen Âge dans les académies talmudiques du nord et du sud du pays, mais aussi des vagues d’expulsion et de persécutions. C’est pourtant en France qu’émerge l’un des plus anciens commentaires du Talmud, celui de Rachi de Troyes, figure majeure du judaïsme mondial.

Pendant la Révolution française, la France devient le premier pays d’Europe à accorder la citoyenneté aux Juifs, en 1791. Cette décision installe durablement l’idéal d’émancipation au cœur de l’identité juive française.

Mais le XXᵉ siècle bouleverse profondément cette histoire. Dès l’affaire Dreyfus à la fin du XIXᵉ siècle, l’antisémitisme moderne s’infiltre dans la société française. Sous le régime de Vichy, de 1940 à 1944, l’État français collabore activement avec l’Allemagne nazie : plus de 76 000 Juifs, dont de nombreux enfants, sont déportés depuis la France. Ce sont des policiers français qui arrêtent les familles lors des rafles, notamment celle du Vélodrome d’Hiver en juillet 1942. Longtemps mise sous silence, cette complicité d’État est officiellement reconnue par Jacques Chirac en 1995, lors d’un discours resté historique. Après la Guerre, l’arrivée massive de Juifs après la décolonisation en Afrique du Nord dans les années 1950–60 donne un nouveau souffle à la communauté, qui devient l’une des plus dynamiques du monde.

Avec près d’un demi-million de membres, la communauté juive française est aujourd’hui la plus importante d’Europe. Elle a laissé une empreinte forte dans la culture, la politique, les sciences et les arts de Léon Blum à Simone Veil, de Serge Gainsbourg à Jacques Derrida.

Découvrir la France, c’est plonger dans une histoire juive aux multiples facettes, marquée par des élans d’émancipation, des tragédies nationales et une capacité à se reconstruire.